Hongrie Budapest +100 km
Àgi m’avait fortement encouragé à visiter le musée et tombeau de Gül Baba, à 300m de son appartement. Il serait la figure emblématique de l’entente entre ces deux peuples pendant les 170 années d’occupation Ottomane.
Perché sur les hauteurs de Buda, ce musée aux jardins en espaliers, colore cette rive droite de “roses dont il serait le père”.
J’aime à croire que sur une des photos avec le dôme et le croissant, je suis sur une des collines d’Eyüp, au bout de la Corne d’Or d’Istanbul.
Sur mon cheval bleu, coiffé de mon turban, je dévalle les pentes qui m’amènent sur un des bijoux de liaison entre Buda et Pest. Ces ponts sont de magnifiques alliances entre ces amoureux impossibles. Le plus célèbre de tout le Danube s’appelle d’ailleurs Le Pont des Chaines. Le sultan Bekir Gökmen Aysan enjambe la belle Margaret (le pont !) et s’empare de la Pest. Le soleil lève un voile de lumière sur les pierres de cette rive insolente. Elle l’est tant que le parlement s’y est posé comme un gâteau sur une cerise.
Il n’y en a que pour lui !
Impossible d’en détacher l’écran de son appareil photo, et pour ceux qui regardent encore avec les yeux, le regard.
Je fais mine de l’ignorer.
J’aime bien faire semblant d’ignorer une beauté quand elle n’attend que mon regard… et lorsqu’elle tourne la tête, hop, je me rince l’oeil de sa dentelle de pierre, de ses cuivres carrossés par le diable, de ces ardoises à faire partir en syncope un auvergnat… puis prends l’air de rien pour ne pas alimenter l’ego de ces édifices à la grâce des hommes.
Bon.
Je suis un vaillant descendant de Gül Baba, de sultans Ottomans et de Bachibouzouks… mais je reste un simple homme, faible et prévisible :
J’y colle quand même mon écran et prends quelques ostentatoires photos de touristes prépubères. Sans doute la milliardième… mais comme le pensent mes concurrents, la mienne est mieux.
Comme je l’ai déjà dit, vous ne lisez pas le guide du routard… alors je vais me contenter de dire que Budapest me fait vibrer au plus profond de mon être. Je ne comprends pas par quels processus mais je l’aime déjà et lui promets de revenir… on a des choses à se révéler.
Je me faufile et mets les voiles entre sa passementerie architecturale.
Je rase galons et franges moulinées, saute par-dessus ses embrasses, contourne ses cartisanes, évite ses glands et pompons, m’éloigne de ces corniches pendant le réveil de la belle.
Vas-y galope Cheval Bleu !
Le pays est avec nous.
Il nous aime.
Les femmes nous sourient.
Les hommes nous soutiennent.
Les écureuils nous lancent des noisettes.
Les arbres retirent leurs bigoudis.
Les feux tricolores font des vers.
Les trottinettes n’ont plus de batterie.
Galope Cheval Bleu !
La vie est belle, Bekir chante du Elvis
Galope joli vélo, je trouve ça beau.
Vous continuez de lire ?
Les Hongrois ou on n’y croit pas.
Les Slovaques à leurs affaires
Les Autrichiens et les autres y chattes
Les Allemands comme des arracheurs dedans
Les Suisses des esquimaux
Vois continuez vraiment de lire ???
Les Serbes à rien du tout
Les Françaises de gigoter
Les Roumains et les blonds pieds
Les Bulgares Allan Poe
Les Grecs avant les aides
Les Turcs n’aiment pas les jeux de mots pourris.
Maintenant que j’ai énuméré sans raison les 10 pays de ce voyage, je pense à mes autres compatriotes, pas les français mais les Turcs.
Comment est-ce que le traducteur automatique s’en sort avec ce genre de contorsionnisme linguistique ?
En Turquie, il y a une expression dont j’ignore l’origine et qui est utilisée quand on veut dire qu’on n’a rien compris :” Fransız kaldım” = “je suis resté français”.
Eh bien, bonne chance
Le cheval bleu a bien galopé et me voilà comme attiré par un camping.
Au fond de moi il y a l’appelle de rencontres et souvent ces appels sont entendus, répondus, poil au U.
Et là, c’est l’avalanche de belles surprises.
Ágnes, gère le camping et les saunas attenants. Longue Hongroise pas ça à tous les coins de rue tellement elle est jolie, aux abords plutôt froids mais qui cache bien son jeu, règle les formalités et me propose de poser ma tente où je le veux car le camping est vide.
Je lui explique que je viens de France et vais en Turquie, et à sa question :”avec ce vélo ?” Je lui réponds “oui, avec lui et mes magnifiques jambes” que je lui montre en remontant un peu mon short.
Là, sans le savoir, j’ai marqué des points.
Tente déployée, installé sur une chaise près de la borne électrique pour mon chargeur, j’écris ma précédente journée pour vous autres lectrices éprises du turc poète qui écris comme ses pieds. Il y a bien quelques mâles bekirophiles mais le féminin l’emporte (enfin!).
Ágnes la magnifique vient enfin admirer davantage mes belles jambes de cycliste amateur mais turc, ou alors était-ce pour me poser une question ? … Hélas oui, ou alors elle fait comme moi et ne regarde mes mollets que lorsque j’ai la tête tournée ? Bref, elle veut savoir si je parle aussi l’allemand car elle souhaite me présenter son amie cyclo-voyageuse pour lui montrer mes mollets.
Ha ! Je le savais !
…
Non en réalité c’était pour montrer mon vélo.
Je console un mollet puis l’autre sans y aller mollo.
Et là, la tornade de vie et de générosité arrive.
Ildigo ! Mais elle préfère ildi.
Je souhaite rassembler ce passage et la journée suivante dans mon prochain récit car il est dense et qu’à 23:49 je suis déjà bien en dessous du temps de sommeil obligatoire pour les champions de mon espèce.
Puis j’ai encore deux mollets à consommer.
Bonne nuit.