MAUTHAUSEN
Quand le soleil devient froid.
Quand la douleur du monde resserre mon torse.
Quand les mains osseuses du malheur prennent ma tête.
Quand le silence retentit dans les pierres.
Quand mes yeux passent à marée haute.
Le ciel voyage en amnésie et s’assombrit en quelques secondes.
J’ai le sentiment qu’un rideau s’est tiré dès mon entrée à Mauthausen, camps de concentration et de travaux forcés.
Les âmes de 40 nations différentes ont basculé d’une vie comme les nôtres à l’enfer insoutenable de Mauthausen qui avec Gusen, ont été les deux seuls “Camps de niveau III”, les plus durs du Reich allemand.
J’en suis muet.
Mon coeur tape dans ma gorge.
Je touche les murs, les sols, les barbelés…
Je crois entendre l’abandon.
“La Vie est belle”
Roberto Benigni
Guido marche dans cette cours.
Film parlant qui laisse sans voix.
La méchanceté ne demande aucun effort, et elle prend.
La bonté, elle, réclame des efforts, et elle donne.
Je dois toujours faire l’effort, celui de comprendre l’autre, celui de trouver ce qu’il y a de bien, chez l’autre, dans une situation.
Faire l’effort de donner, un sourire, un compliment, un encouragement…
La critique est tellement plus facile que le bon regard.
Tant de gens vont à la salle de sport, de musculation et fournissent une énergie incroyable… c’est très bien.
Et quelle énergie déployons-nous pour être un meilleur être humain ?
Ce voyage alimente merveilleusement ma foi en l’autre. Ces rencontres et soutiens, ce soucis de l’autre sont au coeur de notre humanité.
Puis, Mauthausen.
Pour me rappeler que nous sommes aussi cela.
Rester droit, vigilant avec soi-même, attentif à la bienveillance et à l’ombre de la paresse du coeur.
Je sors. Le soleil aussi.
Je pédale longtemps.
La nuit joue des coudes avec le jour…
J’arrive très tard.
KO