Mulhouse Istanbul à vélo

Jour 35

🇧🇬 Bulgarie +113km
 
Berkovista
 
Cette journée fut courte et longue.
Après quelques menus amusements photographiques dans la ville de Vidin… anagramme de ce qui me qualifie le mieux parfois (tousse-tousse), je retourne à ma condition de Shadok à vélo.
Une loooongue ligne droite sur laquelle je tire pour que mon objectif se rapproche.
 
– Alors ça y est, tu me quittes ?
– Oui, c’est aujourd’hui.
– tu ne veux pas m’accompagner jusqu’à la mer noire ?
– j’aime comme tu te jettes dedans et te mélange au sel de cette mer… mais mon coeur me pousse vers le sud.
– On sait dès le premier instant, ce qui nous séparera un jour… je l’ai su quand tu as crié mon nom, ce matin où nous nous sommes rencontrés.
– Tu as raison Danube. Merci pour tout ce que tu m’as donné pendant tout ce temps. Tu es en moi désormais, je suis fait de toi.
– Moi aussi… mais je te rappelle que tu m’as uriné dessus plusieurs fois.
– et tu n’as pas détourné le regard !
– Ma vie est un long fleuve tranquille, parfois avec vue, je ne vais pas m’en priver.
– Dis, tu avais raison pour les portes de fer… et demain j’attaque l’ascension des Balkans, même s’il n’y a pas grand monde.
Qu’en penses-tu ?
– Ces montagnes-là n’ont jamais voulu me toucher, alors je les ignore.
– Oui mais moi, je pourrais les franchir ? Je n’ai aucune expérience.
– Tu as déjà la réponse, je te signale que c’est toi qui écrit ce dialogue de schizophrène !
– Tu es jaloux. Tu ne devrais pas.
– holala le couplet sur la possession maintenant. Je sens que je vais sortir de mon lit !
– M’enfin, on ne va pas se quitter ainsi ! J’ai une idée. Arrivé à istanbul, je plongerai ma main dans le Bosphore. Tu pourras me sentir depuis la mer noire, on sera à nouveau ensemble !
– Ça me plait. Tu as de l’imagination, petit turc.
– J’ai presque hâte d’y être, mais je veux encore étreindre mon voyage.
– Oui
– Oui quoi ?
– tu vas les franchir ces 1600 mètres de montagnes Bulgares.
 
Et presque sans m’en rendre compte, j’ai roulé 113km jusque tard dans la nuit, jusqu’au pied de ce mur balkanique.
 
Sans doute le besoin de passer d’une entité à une autre.
 
Dans l’obscurité, je ne les ai pas vus, ces colosses… le soleil me les présentera demain.