Mulhouse Istanbul à vélo

Jour 4

120km (?) 31°c
 
Le vélo c’est mieux que Facebook ! 😛
 
Mon nouvel ami Stephan me lance sur la route de bon matin avec toute son énergie, l’amour du vélo et de la bière !!!!! (“La bière c’est la base… c’est même mon aliment de base” me dit-il en éclatant de rire)
 
Ce coquin avait caché dans mes sacoches des barres énergisantes.
 
Il m’emmène jusqu’aux jupes du Lac de Constance… et c’est déjà Byzance !
 
Je sens l’eau respirer… son haleine d’iode, même le matin au réveil est des plus fraîches et enivrantes pour l’amoureux de voile que je suis.
 
Eau douce et sensuelle… lissée et caressée par la légèreté de l’air donne des envies de plongées amniotiques.
 
Stop Bekir… tu te réveilles !
 
Autre chose t’attend aujourd’hui !
 
Alors je saute sur un vaporetto Suisse pour migrer vers la rive nord : l’Allemagne encore. 
 
Adrien Biassin, ce filou, m’avait prévenu que ce tronçon allait être rude.
 
Remonter jusqu’à Ulm pour retrouver dame Danube.
 
Remonter jusqu’à Ulm pour retrouver dame Danube.
Il n’avait pas menti.
 
Je comprends que dans ces voyages au long cours tout peut être et on peut tout être.
 
Aujourd’hui je me sens machine.
Galvanisé par Stephan… reposé, jambes enduites de baume à l’arnica gaulthérie et autres huiles essentielles, mes pieds deviennent le prolongement des pédales, du vélo, des roues.
 
Je suis lancé, …en transe, le vélo entre dans mon esprit… je me fonds dans l’aluminium du cadre… je suis le mouvement et mon cœur fait tourner tout ça à merveille.
 
Ma tête penchée laisse traîner mon regard sur ce sol devenu flou… un “flou directionnel” comme dans Photoshop me dis-je, amusė.
 
C’est le film Lost Highway de Lynch qui est là dans ma tête, avec ses séquences de routes qui défilent.
 
Je ne prends pas de photo… n’y pense même pas.
Je ne pense même pas à mon couchage, tant et si bien que c’est de nuit que j’arrive à Ulm sans avoir anticipé qu’il s’agissait d’une grande ville et que le bivouac serait impossible.
 
Alors je demande.
 
Des Turcs… aimantés par le drapeau sur le vélo viennent me parler… font des selfies mais personne n’habite assez près pour m’héberger.
 
Je suis épuisé. Ma main gauche est comme paralysée, je veux faire couler de l’eau sur mon corps qui redevient celui d’un humain, j’ai faim : hôtel.
 
Extinction.