Mulhouse Istanbul à vélo

Jour 5

Repos
10 km
 
Il y a un petit lutin dans chacun de mes mollets. Il est fort, très fort et j’ignore pour quelle raison mais il tire comme un âne sur mes muscles et tendons. Je lui lance des bonbons, des steaks, des codes wifi… non, ça ne l’intéresse pas. Il tire.
 
Le canal carpien de ma main gauche s’est disputé avec l’éclusier. Il aurait fait de la mauvaise poésie à propos de sa maman.
Du coup c’est moins fluide. Le courant ne passe plus.
Je leur propose de se serrer la main mais rien n’y fait. Mes doigts ne répondent plus qu’à 10%.
Alors j’ai proclamé que ce jour du 11 septembre serait férié… c’est mon tour.
 
Anita et Martin se proposent de m’accueillir dans la chambre de leur fils Léo qui a quitté le nid Ulmois.
Ce havre de paix se mérite et heureusement qu’Anita m’avait prévenu : il faut gravir une côte de 100m pour atteindre leur maison.
Je passe au magasin CAP acheter un peu de fromage, des œufs et des sardines et je me rappelle que j’avais séché les cours d’allemand le jour où monsieur Erhet (mon bourreau) devait nous apprendre le mot “oeuf”.
Je m’approche d’un employé patibulaire et tente en anglais… pas de résultat.
Bon.
Alors je place mes mains sur mes hanches, pousse des petits sons tels que des pot-pot-pot-poooot et agite les coudes.
Bingo ! Il a compris et m’emmène au rayon cuisses de poulet.
– nein danke… keine fleisch.
– hu ?
Je refais la poule (vous vous aviez aussi compris n’est ce pas ?) Et je fais un rond avec mon pouce et mon index pour montrer la forme de l’oeuf.
-hu ??
Bon… au point où j’en suis, je peux continuer :
Pot-pot-pot poooot, les coudes et je fais le geste de quelque chose qui sort par les fesses.
-hu ???
– Kinder chokoladen !
Pot-pot-pot-poooot
– macht nicht… tschüss.
Je trouve le caissier… j’allais presque refaire ma poule mais heureusement il me répond aussitôt en français.
Plus tard nous rions de cela avec mes chaleureux hôtes Anita et Martin qui m’apprennent que CAP est un magasin qui emploie des handicapés.
J’ai alors compris pourquoi les clients étaient à ce point indifférents à mon travail de traduction.
 
Voilà.
 
C’est tout pour aujourd’hui