Bulgarie 129 + 115 km
Pazardjik – Dimitrograd
Pardon la Bulgarie.
Je passe certainement à côté de Sofia, et autres beautés bulgares… Mais je sens déjà le magnétisme d’Istanbul m’attirer à elle avec une force qui ne souffre aucune concurrence.
Je viens de pédaler deux jours dans un tunnel de force… Ma belle Constantinople semble avoir envoyé sur mon dos les vapeurs réparatrices d’un de ses fameux hammams ainsi que cette énergie qu’à ce jour je n’ai trouvé que là-bas.
Des joies puissantes comme nulles autres me traversaient déjà autour de mes 20 ans, après mon service militaire à Burdur, lorsque je m’étais accordé 2 mois d’errances dans ma ville natale.
20 ans plus tard, c’était lors de mes 3 voyages artistiques pour mon projet photo “1,2,3 Istanbul !”.
Cette ville dont j’ai aspiré l’oxygène pour la première fois il y a 54 ans ne cesse de m’inspirer
– Bon, ça va, je pense que tout le monde a compris, il n’y en a que pour Istanbul !
– Pardon si cela t’a vexé, chère Bulgarie.
– Non tu as raison, elle a également rayonné sur nous et nos soeurs voisines, mais n’en fais pas trop… Ménage nos imperfections.
– Ok, mais nous sommes tous de parfaites imperfections, Istanbul n’y échappe pas.
C’est seulement quand on connaît l’autre avec sa partie sombre qu’on sait si, et combien on l’aime.
– Et tu y parviens ?
– Je fais de mon mieux, j’ai beau être une merveilleuse divinité, j’ai mes moments de faiblesse et de jugement aussi, hélas.
– Et tes imperfections à toi ? Tu en fais quoi ?
– Mes quoi ???
– Tes défauts.
– Mes défauts ???
…
– Pareil, j’essaye d’être bon avec moi-même.
Je les regarde. Quand je n’y parviens pas, d’autres se chargent de me les montrer avec bienveillance ou non, peu importe, c’est à moi d’en faire quelque chose et parfois de m’améliorer… J’essaye.
– Tu parles comme un sage, Bekir.
– Je fais semblant, c’est juste pour t’épater pour qu’ensuite tu me montres tes fesses.
– Ah.
– Quoi ah ?
– Je ne te comprends pas.
– Qu’est ce qui t’a échappé ?
– Pourquoi ne pas l’avoir demandé dès le début ?
La Bulgarie me sourit et tourne les talons, moi, les pédales.
Ce pays limitrophe me fait penser à un verre de vodka… Âpre et puissant, à boire sans plaisir immédiat pour passer à la suite de la fête.
Je vais l’appeler Limitrof !
À votre santé frères et soeurs Bulgares, je vous aime mais je vous quitte.
Un bon point aux urbanistes d’ici : les arbres en ville !
Les rues sont généreusement arborées, en centre-ville de Sofia et partout ailleurs.
On y est au vert, à l’ombre, dans une fraîcheur intelligente en avance sur son temps.
Europe de l’ouest, prends-en de la graine !
J’ai jubilé en découvrant le premier panneau “İstanbul”.
Ma tante m’attend sans ma tente, tant et si bien que je tente d’y arriver ce soir.
Elle habite Edirne et s’appelle Emine, comme ma maman.
Première grande ville turque à l’ouest.
J’ai du mal à réaliser.
Est-ce bien réel ?